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  • Photo du rédacteur: Benoit Poisson
    Benoit Poisson
  • 20 sept. 2020
  • 2 min de lecture

Il y a les hasards d’une naissance qui nous font vivre nos premiers instants ici ou là. A vrai dire on n’a pas vraiment le choix alors autant se familiariser d’entrée avec les lieux parce que ce paysage on va le bouffer jusqu’à satiété. Notre cercle, notre monde où tout tourne autour de soi, jusqu’à en ignorer l’existence même d’un autre air, nous pousse jusqu’au chauvinisme primaire. C’est vrai que lorsque l’on porte des œillères il est plus facile de se définir la beauté telle qu’elle nous semble apparaître à nos pieds sans vraiment tournée la tête. L’odeur et les bruits du lieu nous bercent, nous rassurent et puis les gens. Ah ! Les gens, le même visage, les mêmes expressions que l’on pense universelles, les mêmes attitudes et le même rapport à la terre du cru, c’est viscéral, l’instinct de défense de ce que l’on connaît.


Alors on grandit, on arpente toujours les mêmes rues, les mêmes quartiers, on pousse les mêmes portes et puis on se plaint. On se plaint du temps, tout le temps. Comme on n'a plus rien à dire, plus rien à découvrir du trou dans lequel on tourne en rond, on se plaint, ça fait exister et supporter à l’âme l’ennui profond qui naît chaque jour un peu plus. Mais surtout on oublie bien vite de lever les yeux, de regarder encore le décor, d’y apercevoir un détail, une lueur, de l’insolite. Tout était là bien avant nous et tout restera bien après, à quoi bon y prêter une attention particulière.


Cette rue-là, rappelle-toi, c’est là où l’on s’est embrassé la première fois. Et puis ce restaurant où on adorait manger, tu te souviens de l’ambiance ? Et ces bars, des dizaines, qu’est-ce que qu’on a pu rire en faisant défiler les verres jusqu’à la fermeture ! Oh ! Et la fois où il a fallu rentrer à pied à cause de la neige ! C’était en quelle année déjà ? Toutes les rues arpentées, toutes les places traversées, toutes les fêtes pour s’amuser. Tout ça, nos souvenirs, nos propres souvenirs, ceux qui nous ont construits. Ces lieux uniques, photographiés dans nos mémoires pour toujours qu’on partage avec nostalgie avec ceux qui ont vu et vécu les mêmes choses que nous. Finalement on grandit, on se forge nos vies en la calquant sur celles qui sont là aussi, au même endroit.


Alors oui ce lieu on l’aime mais on ne s’en rend compte qu’une fois qu’on l’a quitté. En y revenant, on redécouvre avec joie la beauté historique des lieux, comment le temps l’a façonné. Nous, nous y avons fait que passer en baissant la tête et en récoltant çà et là de maigres morceaux de joie. Il fallait simplement lever la tête et nous aurions vu un monde totalement différent.

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