Qui aura la force d’élever la voix en premier ?
Qui trouvera le courage d’annoncer ce que l’on sait déjà depuis bien longtemps ?
Qui brisera le silence de nos non-dits, de nos espérances perdues ?
Qui fera ce constat implacable que ce qu’il reste de nous ce sont de doux souvenirs ?
Qui évoquera un avenir incertain sans l’autre ?
Quarante ans de nous c’est presque une vie, le par cœur à vite remplacé l’ardeur.
Plus besoin de parler pour ne plus se comprendre.
On ne vit plus que dans nos souvenirs pour se rattacher à l’évidente réalité.
Nos paroles, nos promesses de jeunesses devenues trop abstraites.
Ça nous arrive à nous, pas grave après tout, les autres c’est pareil.
On n’a pas su faire, pas les bons ingrédients, pas d’efforts, c’est triste.
En fin de compte il reste quoi de nous quand on se regarde ?
Les « je t’aime » avant de dormir, les balades le corps accroché à l’autre.
Et puis nos petits cœurs assez extensibles pour y ajouter nos enfants.
On est resté pour eux, c’est mieux, tu te rappelles comme on était heureux ?
Ils sont grands et maintenant nos cœurs sont vides de leur absence.
Alors on fait semblant mais plus rien dans notre quotidien.
Plus rien, non on n'attend plus rien de l’autre.
Et si on restait encore un peu, ne pas vieillir seul, tant pis pour nos silences.
Reste au moins cette présence familière, encore rassurante.
Alors qui trouvera le courage de briser ce qui n’est plus ?
Ça ne serait pas raisonnable à nos âges de s’imposer ce naufrage.
La raison c’est tout ce qui reste de nous quand on a perdu la passion.
Quand on a plus la force d'aimer toujours.
