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Tourbillon

  • Photo du rédacteur: Benoit Poisson
    Benoit Poisson
  • 18 mai 2020
  • 2 min de lecture

Tu te souviens d’avant ? L’âme légère, on se foutait du sort de l’univers. On jouait à s’aimer sans cesse, le cœur qui battait fort dans le corps de l’autre. On riait pour montrer aux autres notre bonheur. Les poches aussi vides que nos idées folles. A débouler à minuit au Bistro Romain des champs, on nous prenait pour des touristes fortunés. Oui, on jouait à une autre vie, la bohème comme thème parfait, comme l’insouciance des gens amoureux. On allait toujours droit devant, sans peur ni prétention, mes yeux plongés dans les tiens, brillants et maquillés à l’excès. Mon horizon embellit par tes courbes parfaites. Nous vivions la nuit, aux heures interdites, comme pour prolonger à l’infini nos ébats talentueux et suants de passion. Nous étions forts dans l’existence, tu mettais mes t-shirts pour dormir et je matais tes petites fesses qui dépassaient de la couette. T’étais un roman et je découvrais un nouveau chapitre chaque jour. Notre rage d’aimer flottait sur nos vies et nous surfions sur nos émotions. Tu m’entraînais sur les quais brumeux, tu étais calme dans ton gros pull en laine. Belle et silencieuse sur le pont Neuf, peut-être consciente de vivre là ce que tu n’avais jamais osé. Et puis tu courais vite, à t’enfuir dans les ruelles obscures, à jouer à la souris apeurée poursuivie par celui qui jamais ne voulait te voir partir. A bout de souffle et décoiffée tu m’embrassais sous la lumière artificielle qui embrasait la fougue de notre jeunesse. Nous mélangions tout, nos rires, nos pleurs, nos frites et nos glaces. C’était nous et nous n’étions qu’un. On ne savait pas prendre notre temps, il fallait exploser pour prouver notre amour, s’éparpiller à tous vents pour ressentir ce que nos corps avaient en tête. On détestait les gens sérieux qui marchaient droit sur les trottoirs, les gens pas heureux de croiser les amoureux. On se moquait des élégantes accrochées à la richesse de leurs partenaires. L’amour se vivait nu, on s’en foutait des artifices bancaires. On riait des gens qui enfermaient leur amour dans un cadenas sur le pont des Arts, aimer c’était être libre. D’un rien on s’extasiait et chaque minute devenait l’occasion de nous embrasser. Tu te rappelles comme on valsait devant le Panthéon ? On tournait à s’enivrer et dans nos têtes la musique jouait fort. Nous aurions pu danser toute l’éternité, il n’y avait que nous et notre amour. Tourner à oublier le temps et l’espace, à noyer nos corps dans l’immatérialité de nos sentiments et de nos sens. On ne voulait pas s’habituer. S’habituer, c’était accepter que ça puisse finir. Nous vivions sans le savoir le tourbillon de l’amour éphémère.

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